jeudi 28 décembre 2017

je suis une fille de maison de famille // #MaJolieMother, pourquoi est il si difficile pour une #femme de prétendre à la #liberté?

Les moments parfaits en hiver, c'était il y a longtemps...
C'était quand, il y avait encore ta maison, La Regardelle. Une maison tellement belle que l'on ne pouvait regarder qu'elle, alors qu'elle même regardait au loin les montagnes enneigées dans l'air moiteux propre au Béarn... C'était quand tu proposais d'allumer un feu dans le salon ou la cuisine. C'était quand un roman pouvait me transporter des heures durant. C'était quand je faisais tourner et tourner et encore tourner "T'en va pas"... en haut des escaliers en colimaçon dans cette chambre trop rose. C'était quand toute la maison était mon monde, un monde que tu avais façonné, entretenu, ouvert. C'était quand toute la maison était à la fois le théâtre et le scénario de ma vie.

A La Regardelle, j'ai traversé une adolescence douçâtre : mollement rebelle, péniblement sage. C'est fou ce que je me suis ennuyée entre ses livres. C'est dingue ce que j'ai rêvé devant ces montagnes. Plongée dans la Rombaldi, puis l'Universalis je me suis passionnée du monde des idées, pour les faire danser sur les airs tirés des 33 tours : un décor pour colères pas assez profondes qu'il fallait bien pourtant finir par exprimer. Les meubles étaient beaux, les tissus lourds et doux, les tableaux longs, les parquets craquants, la cuisine pas pratique, les cheminées tiraient bien, les fenêtres étaient immenses. A La Regardelle, j'ai traversé une adolescence de rêves violents.

Je rêvais de longs cours, d'aventures, de révolutions mais j'étais une femme... Il y avait des femmes guides, mais pas tant... et trop peu étaient vraiment cool : Sagan... Colette... Kahlo... Les autres... mais chiantes ! Et ce moteur de liberté avait démarré, doucement ... Parfois il calait... mais repartait à l’occasion d'un stage de voile ou d'un voyage en Grèce. Mon moteur, la liberté : c'était facile tant que je restait allongée sur mon lit dans cette chambre trop rose. C'était facile quand c'était avec toi qui offrait un cadre suffisamment large, pour que cette liberté ne soit que légèreté. La liberté, mon moteur et mes frayeurs ... maintenant que je suis sortie de la maison. 

2017, j'ai une fille d'un an, je n'ai plus de maman, et la révolution du féminin comme une lame de fond, soulève l'ensemble de la société, et on ne sait pas encore comment l'humanité va retomber. Tu me manques. Elles hurlent les voix qui voudraient que la liberté des femmes soit conditionnée à celle des hommes. Je ne crois pas que tu me comprendrais ... mais peut être que tu me consolerais d'avoir vieilli? d'être partie de la maison? d'avoir fondé ma famille... de devoir élever une fille et un garçon dans ce nouveau paradigme de liberté...

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