Enfant
en Picardie, Héloïse a ressenti l'écoulement des ans par le retour des
saisons, alors qu'en Afrique de l'Ouest, je vivais une élongation du
présent dans la moiteur équatoriale. Le temps est sensoriel, et donc il
est malléable.
Les marques brouillent les pistes entre
temps arbitraire et ce temps ressenti (distinction qu'effectue Bergson
entre "temps des horloges" et "temps vécu"). Elles nous racontent leurs
racines, tout en voulant les faire revivre en nous. Elles nous
propulsent dans un futur plus ou moins tangible, tout en entretenant une
utopie d'éternelle jeunesse. Au contact de l'ivresse éternelle des
marques, le temps devient évanescent et ne laisse qu'une impression de
néant.
Pour créer, Niestsche
propose la révolution par l'oubli. S'affranchir d'une mémoire
rationnelle (chronologique, constituée de faits, d'investissements
quantifiables et de succès attestés) pour ne retenir que l'essentiel :
la mémoire involontaire, les émotions. IBM est parvenu a oublié son
passé de constructeurs, pour se projeter en organisateur du futur. Kodak
n'a pas lâché son passé rationnel et appartient définitivement au
passé. Quand Renault dit " changeons de vie, changeons l'automobile", la
marque propose d'avancer dans le cycle présent de l'automobile, mais
propose-t-elle un cycle pour le futur de la marque?

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