Je compatis avec les agriculteurs qui
souffrent dans leur chair des choix économique fait à grande échelle ces
dernières décennies. Mais je ne connais pas bien le monde paysan.
Je croise les paysans au cours de randonnées
en île de France, Limousin, Bretagne, Aveyron, Alentejo, Béarn… Je le soutiens,
de manière assez virtuelle finalement, en adhérant à une AMAP depuis bientôt 5
ans. Mais je ne peux pas dire que j’avais un grand-père ou un
arrière-grand-père paysan, je n’ai pas joué dans une ferme enfant, je n’ai pas
de souvenir intime lié à la culture agricole. Cette distance émotionnelle
explique peut-être le peu de sympathie que j’éprouve envers les éleveurs en colère
depuis de nombreux mois. Leurs revendications m’exaspèrent, et j’ai vraiment eu
la trouille quand je me suis retrouvée au milieu d’une manifestation de bonnets
rouges en 2013.

Depuis quelque mois j’essaye d’appliquer la
stratégie de la bienveillance (Juliette Tournand), pour désamorcer les
situations conflictuelles, et surtout pour calmer mon penchant naturel à la
rébellion. Si cette stratégie repose sur la reconnaissance des besoins et
aspirations de l’autre, elle commence par la nécessité de faire preuve de
bienveillance envers soi-même. Et finalement, c’est là que cela se
complique : il est souvent plus facile d’entrer en violence, que de savoir
ce qui est bon pour soi aujourd’hui. Dans la bienveillance envers soi-même, le
plus difficile est de pouvoir définir quels sont les forces dont on aura besoin
demain. En effet, la bienveillance commence par se donner une vision, un
avenir.
J’aimerais que la culture agricole entre en
bienveillance. J’aimerais que lors de nos randonnées nous puissions rencontrer plus
d’hommes et de femmes fiers et heureux de raconter leur travail. Cette culture
agricole et paysanne existe déjà, il faudrait que nous soyons bienveillants
envers elle, et pour nous, et que nous continuions à la supporter, envers et
contre toutes les violences.
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