mercredi 13 janvier 2016

#kissesfor2016 #maison de famille // Qu'est qu'une maison pour une marque?

Une, deux ou trois fois par an, nous nous retrouvions dans cette grande maison. En hiver, à la fin de l'été, à l'automne, au printemps... Seuls, à une dizaine, à une trentaine, à une quarantaine... Pour quelques semaines, quelques jours, quelques heures... La maison passait rapidement du trop grand, au trop petit, au fur et à mesure des arrivées des tantes, oncles, cousines et cousins. Elle était confortable, mais pas d'un confort contemporain. La grande cage d'escalier et les couloirs étaient recouverts de la même toile de Jouy. Les tapisseries de Bonne Maman sonnaient de façon étrange dans ces murs. Mais je crois que tous partagions ce sentiment étrange d'évidence, d'inné. Bonne Maman est née dans cette maison. Ma maman, mes oncles et tantes ont grandi dans cette maison, au rythme des pensions, colonies et voyages qui forment la jeunesse. Je suis toujours venue dans cette maison. Je savais où était rangé le sucre, le couteau à pain, les livres d'aventures, les disques de Fado, le bouton pour envoyer le son dans l'étude notariale, les crayons de couleurs... 


C'est étrange le sentiment d'appartenir à une maison, cela donne une force, une pérennité, une stabilité, des légendes et des rituels.  J'adorais les expéditions dans la forêt de Chandelais, ses grottes, ses dégringolades, ses retours dans la nuit jusque dans le centre de Baugé. J'aimais aussi sentir la main de mon petit frère, qui avait encore besoin de moi pour chasser ses peurs. Je cherchais mon individualité, et pourtant je garde un souvenir doux et bienveillant de nos robes à carreaux bien repassées et chemises assorties. Je suis une fille de maison de famille... 

La vie, les naissances ont fait qu'il n'y a plus de maison de famille. Moi l'indépendante, toujours à la recherche d'une singularité, je me suis vue taper du pied : "c'est injuste, vous nous avez coupé nos racines, nous n'avons plus de maison de famille!"...
Et maintenant je commence à apprécier la réponse :"c'est une chance, c'est à toi, à vous de construire votre maison de famille..." 

Ce sera probablement plutôt un appartement, rempli des créations de Paul, qui se rempliera de mes "houspille-ments" le Dimanche matin au moment d'attraper le RER pour partir dans les forêts de l'Ile de France, où nous continuerons les dîners du lundi, que James trouvera toujours trop Vieux ! dont nous pourrons avec fierté dire la légende.

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