Cela faisait 3 ans
que la possibilité que tu meurs devenait de plus en plus précise,
et pourtant nous n'en avons jamais parlé, et pourtant je ne voulais
surtout pas y penser, et pourtant quand c'est arrivé. L'onde de choc
a été tellement brutale qu'elle m'a projetée hors de ma vie. Le
choc c'est d'être et que tu ne sois plus là. Le choc c'est de dire
aux autres que tu n'es plus là et de ressentir les répliques de
leur choc. Le choc c'est d'entamer un processus inévitable : la
veillée, la messe, le cortège, le deuil, l'enterrement. Un rituel
dont la profondeur transperce le folklore. Un rituel dans le quel je
suis entrée sans le vouloir. J'ai aidé à sa préparation, j'ai
participé à son déroulé, j'étais là, je suis là.
Et pourtant je
n'avais absolument pas envie d'y assister. Tout mon corps voulait
courir sur les chemins de montagne, ressentir les rayons du soleil de
Septembre, transpirer sous l'effort libérateur. Mais il a fallu
assister à ce rituel lent et long. Un rituel désuet et profond. Un
rituel que tout le monde connaît, mais dont les secrets initiatiques
ne se révèlent qu'à ceux qui le suivent dans leur cœur. Un rituel
de mort, un rituel de don. Le don aux autres de la personne que l'on
aime le plus. On ne peut pas la garder pour nous. Avec le rituel de
la mort, nous rendons au monde la personne décédée, ce qui nous
liait à elle, et même le choc de son départ … même si je
voudrais qu'elle reste pour toujours tout contre moi, ma jolie mother
à moi personnel. Au contact des autres, des conversations de la
famille et des amis, je suis obligée de partager ma maman. Je suis
obligée de réaliser que c'est l'histoire de toute l'humanité qui
se déroule. C'est déjà arrivé, et cela se reproduira, même si
sur le moment chacun se demande comment survivre à ce choc.
Comme on accouche
d'un enfant, on oublie la douleur, la mort est un moment intense,
mais elle passe. Chaque étape du rituel est plus dure, plus cruelle
et toujours en tension entre démonstration sociale et sincère
déchirement. Et tout au long du rituel lent et long, tout le monde
compatit, et veut que je compatisse. Tout le monde me rappelle
combien maman était formidable. Tout le monde me raconte ses propres
malheurs, les malheurs de sa famille, ses amis... je ne suis pas la
plus mal lotie, il y a Paul qui m'aime et j'ai des enfants, et puis à
la fin tu sais tout passe... C'est l’horreur. Il faut certainement
en passer par là, pour sortir de mon état de choc. C'est le rituel,
le processus mis au point depuis des millénaires, pour sortir du
choc de la mort. Un rituel pour partager avec les vivants une peur
intense, pour laisser son cœur s'ouvrir et enfin laisser passer la
mort.
Pour moi le rituel se poursuit. Techniquement, maman
n'est pas encore enterrée. Nous n'avons pas encore vécu le déclic
du retour à la terre. Mon cœur se ressert encore parfois
brutalement. J'ai encore parfois du mal à trouver ma place avec les
autres. J'ai l'impression d'être un coucou qui teste en se
tortillant le nid des autres J'ai l'impression de jouer à la
parfaite maman. Mais au fur et à mesure j'apprends à apprécier les
touches de douceur et d'attention. Un rituel lent et long, pour se
défaire de ce que je prétends posséder de toi. Un rituel lent et
long pour apprendre à être forte et confiante de ce que j'ai vécu
avec toi. Ce sera cela ma richesse.
Les rituels, pour transpercer le folklore. Les
rituels sont lents et longs. Les rituels qui se répètent
universellement depuis toujours. Les rituels accomplis par les autres, pour mieux participer au sien. Les rituels qui ont le pouvoir
d'initier à ce qu'il y a de plus beau … à condition d'embrasser
toute leur complexité, d'une dimension sociale, à une sincère
émotion personnelle.
She was
When she was home
she was a swan
when she was out she was a tiger
and a tiger in the wild is not tied to anyone
when she was lost
she was a toad
the day I found her on the road
I gave her water and a rose
and as she stretched
the sun rose
go
go
go away
when she was young
she was a cow
and all day long
she milked the stars
she taught me
women to survive
must be unfaithful to their child
of all the wonders of the world
she was a lady with a bird
she must have had so many lives
was it the first?
was it the last?
go
go
go away
when she was ill
she was a whale
she was so patient she would wait
until I sang her by the lane
the sweetest tunes to ease her pain
when she was old
she was an owl
I saw her swaying in the sky
and when she died inside my arms
I realised she was a cat
Go
Go
go away
sometimes I wonder
if my child
will have her eyes
to see through me
and when I die
and I am born again
what will I be
a cat?
a stone?
a tree?
When she was home
she was a swan
when she was out she was a tiger
and a tiger in the wild is not tied to anyone
when she was lost
she was a toad
the day I found her on the road
I gave her water and a rose
and as she stretched
the sun rose
go
go
go away
when she was young
she was a cow
and all day long
she milked the stars
she taught me
women to survive
must be unfaithful to their child
of all the wonders of the world
she was a lady with a bird
she must have had so many lives
was it the first?
was it the last?
go
go
go away
when she was ill
she was a whale
she was so patient she would wait
until I sang her by the lane
the sweetest tunes to ease her pain
when she was old
she was an owl
I saw her swaying in the sky
and when she died inside my arms
I realised she was a cat
Go
Go
go away
sometimes I wonder
if my child
will have her eyes
to see through me
and when I die
and I am born again
what will I be
a cat?
a stone?
a tree?
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