dimanche 1 janvier 2017

délices et voluptés de la #complexité // comment construire un message?

"Personne ne me comprend !". Je parle, mes mains s'agitent... et en réponse je reçois des yeux ronds un peu lasses et ces deux phrases : "c'est trop compliqué, il faut être plus simple". Simple. Facile. Immédiat? ou Simple. Essentiel. Pur? Et voilà... le mot "simple" propulse mes pensées dans une question bien complexe. Avec curiosité je plonge dans tous les réseaux d'idées, mots clés, images associées suggérés par le mot "simple". Ici je creuse, là je m'accroche aux branches... les joues rouges, la tête pleine je reste en suspens : sentiment de vertige face à l'immensité qui s'ouvre en quelques instants.


Souvent j'ai vraiment envie de rester dans cet état de suspension. Et pourtant on ne peut pas rester à contempler les idées, comme on regarde un paysage, indéfiniment. Il faudra en tirer au moins une réponse, une orientation. Alors j'allonge mes bras vers cette infinité et j'embrasse la complexité. Pleine de nuances, harmonies et dissonances. Pleine de couleurs, saveurs et contrastes. Toutes les dimensions, tous les points de vue peuvent s'exprimer dans la complexité. Il y a des zones d'ombres où je sens qu'un trésor peut s'y cacher, mais qui sont encore trop ardues à explorer. J'y reviendrai. Il y a des ponts et des passages souterrains dans la complexité. J'essaye d'éviter les autoroutes de la pensée, même si mes chemins n'en sont pas si éloignés. J'embrasse la complexité, j'allonge mes bras pour tenter d'aller un pas plus loin, ou au moins un pas à côté. J'entends Edgar Morin dans la radio de la cuisine, il fait la promotion de cette complexité. Une complexité qui ne se contente pas d'un monde binaire. Une complexité matière première des arts. Il propose d'étendre le sentiment esthétique au quotidien, faire durer les arts, pour faire durer la richesse des complexités.



Aujourd'hui communiquer n'a jamais été aussi immédiat, facile, simple. Et pourtant est ce que nous nous comprenons mieux? Et pourtant avons nous réellement le souci de nous faire comprendre? Alors que nous occupons le terrain en prenant la parole à tord et à travers, en poussant des cris ici et là, en s'extasiant, en éclatant de rire, en sanglot... sommes nous certains de maîtriser une communication? Embrassons nous la complexité de la communication avant de nous exprimer? Est ce que nous avons conscience que communiquer signifie mettre en commun? Embrasser la complexité d'une communication pour moi, c'est faire un effort de connaissance de l'autre et de soi, pour tenter de faire un tri entre ce que l'on comprend, ce que l'on croit comprendre, ce que l'on pense que l'autre pourrait comprendre. Embrasser la complexité d'une communication pour moi, c'est construire selon plusieurs dimensions : le fond et la forme, le signifiant et le signifié, le contemporain et les racines... s'appuyer sur des codes maîtrisés pour interpréter et décrypter. 


On voudrait que nos messages soient toujours immédiats, faciles et simples. Et pourtant les messages que nous construisons et envoyons ne sont pas planes, et lisses. L'interprétation des messages est pleine de biais et de trappes. Les sens cachés, les signes suggérés, les émotions provoquées, la relation entre le fond et forme sont autant de dimensions qu'il faudrait prendre en compte à chaque messages envoyés. Étant donné toutes ces dimensions, est ce qu'il est possible de formuler un message pur, essentiel et simple? Peut être que les habitants de Babel s'y sont essayés? et finalement ils ont été renvoyés à toutes leurs complexités. "tu vois ce que je veux dire !! ", "tu entends ce que je veux dire", "tu touches ce que je veux dire", "tu sens ce que je veux dire", "tu goûtes ce que je veux dire"... 

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