J'espère que tu vas bien, les enfants sont beaux, resplendissants de santé et de joie de vivre. Il faudrait que je passe plus de temps avec Aimée. Cette petite fille qui toujours veut être dans les bras. Et James qui me submerge de mots étranges, mais qui semble toujours à côté de ses pompes. Le joues rebondies d'Aimée. Les yeux profonds de James. Je t'aime, je les aime. Si tu voyais Aimée chou, elle est vraiment mimi. Je ne sais pas comment lui parler de toi. Tu n'es pas là, et j'ai tant besoin de ton regard rassurant sur les enfants. Ce n'est pas juste que tu ne puisses pas voir James : je galère, je me sens seule, avec ce garçon au profil atypique, que j'ai si peur de gâcher... Je ne sais pas comment faire avec l'adorable James, est ce que je crée le problème? Ou il y a problème et il faut que nous vivions avec... Lire avec James tes cartes. C'est terrible de les lire et entrevoir que jours après jours tu nous laissais au monde.... Aimée grandit comme un chat sauvage, James étend son monde d'ondes folles, et moi je dois leur donner un cadre... Ils me débordent de partout avec leur joies bouilles rondes l'une brune, l'autre blonde... Ils sont si jolis, mais tu ne les vois pas. Je te partage avec Aimée. Ce soir pour la première fois nous avons joué avec les ombres... Entre surprise, reconnaissance, mystère et rigolade. On parle souvent du jour où l'enfant commence à marcher, tu m'as fait voir le jour où ils reconnaissent la lumière. James a été si lumineux quand il a "acté" West Side Story avec l'école : tu l'as vu ?
J'ai une boule ds le ventre, j'aimerais te parler. Tu viens me voir bientôt s'il te plaît ? James a sorti les crèches celle que tu nous as offert, celle des enfants. James a envie de retourner à l'église. Moi je ne sais pas trop... J'aime les week-ends d'hiver, à la maison. Les enfants sont à l'âge du jeu. Ils sont beaux. Je m'assieds au milieu du jeu. Ils jouent. Je me souviens de nos jeux qui s’étiraient en longueur dans la piscine de Douala. Je me souviens de ta présence. Je me souviens.... Il re-neige... J'aime cette épaisseur froide qui conforte l'intime, qui me sous-vient notre longue promenade à St Savin. Je t'aime encore, je pense tous les jours à toi. J'ai croqué dans la pulpe crue d'un pamplemousse, comme si ma vie en dépendait. Le goût frais et net du dynamisme. Le goût de toi. C'est bon de déroger au tout local en plein milieu de l'hiver... Les jours sont plus gais même s'ils conservent ce goût de poussière. La semaine sainte commence, j'ai encore du mal avec les incantations à l'espoir dans l'église, même si la foi m'éclaire de son doux Amour de te savoir parmi tous ceux qui ont été aimés. De savoir qu'il est possible que je rejoigne cette lumière quand il sera temps. Semaine sainte... la mort et l'amour... j'aurais du reprendre le chemin de l'église... Les heures chaudes du printemps s'écoulent. Depuis que tu es morte, je n'ai plus l'impatience de sentir les rayons de soleil sur ma peau. Comme si sans ton rire et ton odeur, ce n'était plus la même chaleur. Dans deux jours Aimée fête ses deux ans. C'est moi la maman. Tu n'es pas la pour la voir si blonde, rondelette, colérique, câline. Aimée chante encore la chanson de son anniversaire, elle n'arrive pas à se décider de faire du pot son ami, elle grandit. La maternité me manque. Ce mystère, cette force, ce temps où la vie bat si intensément. Alors je pense à toi, à toi ma maman. Je viens de fêter mes 39 ans, c'est plus vraiment pareil sans ton émotion, ta fierté de nous voir avancer dans nos vies. C'est long le temps sans toi maman... Tu t'es mariée le 12 Juin. C'est étrange, car il n'y a aucune photo de ce mariage ni de l'énorme fête qui a eu lieu en Septembre je crois. Il n'est resté qu'une robe Cacharel et un vinyle "dance for ever". Je suis née un an moins un jour plus tard... Et pourtant les 2 gambettes d'Aimée s’agitent sous sa barboteuse, James aime Mon Oncle de Mr Hulot, Château Rouge est en fête... Je t'envoie tout cela...
J'ai été tellement heureuse sur les chemins au Portugal, sans larmes, le sourire d'Aimée, de James, de Paul, j'ai pensé, j'ai été avec toi, et tout était beau et c'était bien. Je pense encore à toi, mais de façon moins tragique. Je pense mieux à toi quand je suis submergée d'amour pour mes enfants. Je t'aime maman. Si ton papa était parti, trop tôt, avec mes yeux d'enfant il était parti d'avoir trop vécu. Ses problèmes cardiaques étaient aussi importants que sa rage de vivre par tous ce qu'il aimait : rire, travailler, boire, se promener, manger, les femmes, fumer, lire... La chanson que j'écoutais souvent à la maison, un 45 tours, est passée à la radio. Tout est pareil évidement, tout est différent. Tu me manques, la maison de La Regardelle me manque, ma chambre d'adolescente me manque, mes disques et mes bouderies me manquent. La façon dont je pense à toi est moins dramatique, mon cœur est moins serré, et en même temps j'ai peur de moins t'aimer. C'est complétement débile, il faudrait que je me détache de ma tristesse, pour mieux être avec toi. Mais je ne sais comment est ce mieux... C'est peut être quand je te raconte aux enfants et que l'on se retrouve dans une douce mélancolie. Tu seras toujours jeune, tu auras toujours moins de 70 ans, toujours la peau fraîche, toujours des jambes vives, toujours les yeux pétillants. J'aime regarder avec Aimée le tableautin des canards et bateaux que tu avais dessiné.
Il paraît que c'est normal que tu ne viennes pas me voir... D'un côté ça me rassure, ce n'est pas que tu boudes de ton côté de la barrière. De l'autre c'est triste de ne plus t'attendre. Vient quand même, vient me serrer ds tes bras... Ca dégénère la haut, il faut que j'y aille... famille d'ultra sensibles : j'ai envie de nous anesthésier ds une piscine d'eau glacée ! Prend bien soin de James et Aimée et de nous... J'ai besoin de sentir ton regard à travers les nuages.
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