lundi 18 juin 2018

comment tu vas? comment tu m'écoutes? // #réciprocité et #société?

"- ça va? comment ça va? hello?
 - blablablabla... blabla... bla... bla..."  
Sorties d'école... Rencontres à la boulangerie... Se croiser dans les escaliers de l'immeuble... Petits instants de tous les jours, de tous les temps... Nous ensemble dans un ensemble... nous partageons les même espaces... nous nous croisons du regard... nous nous croisons parce que nous sommes sociaux...
"- ça va? comment ça va? hello?
 - blablablabla... blabla... bla... bla..."
C'est comme ça que nous faisons société. C'est comme ça que nous sommes une société. C'est l'usage. C'est le rituel. C'est la culture. Et c'est comme ça que c'est bien... Mais est-ce si facile ? J'aime vivre en ville, j'aime sentir autour de moi les corps des autres, j'aime l'autre. J'aime parler des heures et des heures avec celui ou celle qui partage mes randomnées. J'aime tenir ta main quand on a plus rien à se dire... Mais ces "blablabla" me sont pénibles. 
Alors souvent je mobilise mon attention à initier un échange de qualité : du "blabla" qui a du sens. Une entrée en conversation dans l'espoir d'une réponse intéressante. Mes interlocuteurs semblent de temps en temps déstabilisés par mon entrée en matière. De temps en temps, j'ai du mal à m'intéresser à la réponse jusqu'au bout... mais j'essaye, je m'efforce de ne pas juste entretenir le silence.
C'est pas si facile de converser, d'entretenir une conversation. Je m'entraîne, je m'efforce... et parfois c'est à moi de répondre. Et là ce n'est encore pas si facile. Il m'arrive d'être déstabilisée par le désintérêt accordé à ma réponse. Je réponds dans le vide.  Et pourtant, j'ai tenté de formuler une réponse qui soit intéressante, qui ait du sens. Ben oui! par réciprocité, j'imagine que, pour mon interlocuteur, il n'a pas été évident de formuler sa question. Peut être qu'il espère une réponse qui va lui permettre de sortir du "blabla". Alors je réponds avec un maximum de contenu, en y mettant les formes. Alors quand mon interlocuteur n'écoute même pas la fin du propos que je m'efforce de développer avec du fond et des formes, cela me vexe.
Je n'avais pas compris que ce "blabla" n'est qu'un bruitage, une salamalec, où chacun peut rester dans ses pensées, sans réfléchir à l'autre. C'est le bruit nécessaire pour habiller la trop nue proximité. C'est le bruite nécessaire pour rapprocher la trop vide distance. C'est le bruit de base de notre culture.
"- ça va? comment ça va? hello?
 - hello, je fais attention à toi, est ce que tu fais attention à moi...
 - allo? comment tu m'écoutes aujourd'hui?"


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Balisez cet article
Tag this post