Oui, je l'avoue, je n'ai allaité ni
mon fils aîné, ni ma fille de quelques jours. L'allaitement ne fait
pas partie de ma culture familiale : 3 générations de mères
qui nourrissent leurs enfants au biberon, 3 générations d'enfants
épanouis, entourés d'amour, au développement optimum. C'est aussi
une posture intellectuelle, j'ai du mal à me considérer comme une
nourriture ... C'est aussi un trait de personnalité, l'indépendance
à tout crin, personne n'est indispensable ... C'est enfin, peut être
le moyen de me détacher de l'enfant que j'ai porté, caressé
presque constamment lorsqu'il était dans mon ventre … et
maintenant qu'il peut sentir l'air sur sa peau, j'ai besoin de le
sentir grandir et se fortifier en dehors de moi... Bref, je nourris
mes enfants au biberon, c'est mon choix, irrationnel, personnel,
maternel, sans concession. Un choix qui me permet de ne pas connaître
le stress de l'allaitement : est ce que l'enfant mange assez ?
Ni de une fatigue supplémentaire : les biberons doivent être
espacés dans le temps, ce qui laisse du répit aux parents...
Il y a quelque jours, à la naissance
d'Aimée, mon dossier précisait bien que je ne souhaitais pas
allaiter mon enfant, et dès la naissance j'ai pu lui proposer un
biberon, mais on ne m'a pas donner le médicament qui doit stopper la
montée de lait et qui avait bien fonctionné lors de la naissance de
James. A ma demande, une réponse floue, les heures passent …
finalement on m'annonce que ce médicament n'est plus prescrit !
et on me propose de l'homéopathie et des feuilles de choux !
Arrrrg au secours... mais pourquoi ne pas avoir donné l'information
avant ? J'aurais prévu les bandes, les feuilles de choux et les
granules ! et surtout je me serais préparée
psychologiquement... Les heures passent, mes seins gonflent comme des
ballons de foot, Aimée les cherche désespérément ... et au moment
où elle subit les affres de la première digestion, je suis
incapable de la serrer sur monte ventre, tant mes seins me font
souffrir... Après cette affreuse nuit, mes ennuis continuent :
les nausées, la fièvre, les seins tendus, les écoulements de lait
intempestifs, les pincements...
Des souffrances aux quelles je n'étais
absolument pas préparée, j'ai l'impression d'être punie d'avoir
choisi de ne pas allaiter Aimée ! Je suis fatiguée et en
colère !
Aujourd'hui, presque deux semaines
après la naissance d'Aimée, les choses rentrent dans l'ordre. Et
comme pour beaucoup de malédictions féminines, la souffrance
s'efface … et je retiens que s'il n'y avait pas eu de biberons,
j'aurais pu faire vivre mes enfants ... mais aussi que le lien mère,
enfant est bien plus et primaire que ce que j'avais conçu
jusqu'alors : à chaque cri d'Aimée, chaque élan d'amour de
James, dans mon sein un pincement que j'ai appris à apprécier.
Mais au delà de ces considérations
naturalistes, je reste stupéfaite de constater qu'une fois de plus,
la minorité qui compte pour 50% de l'humanité, sans la quelle
aujourd'hui encore l'humanité ne pourrait se reproduire, soit si peu
considérée. Pour les femmes, pas de médecins, mais des sages
femmes … Des femmes et parfois des hommes qui se dédient à la
femme et au nourrisson, formés, responsables, prescripteurs de
médicaments, mais qui n'ont pas le status de médecins... Pour les
femmes, pas de confort, même au moment où elles sont le plus
fragilisées … les femmes qui doivent endurer toutes les douleurs,
il ne faudrait pas leur donner le pouvoir de les maîtriser :
elles deviendraient bien trop puissantes ! Alors, s'il vous
plaît, vous les quelques femmes chercheuses, cadres dans les
laboratoires pharmaceutiques, ayez l'audace d'orienter vos
développements au bénéfice de cette importante minorité !
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