C'est par mon éducation que j'ai appris que la singularité est l’antithèse de la
médiocrité, de la facilité, du caprice. La singularité requière une certaine
dose d’audace et une sincérité exigeante. Faire le choix de la singularité c’est
aussi renoncer à se confondre dans un monde fade et tiède. C’est sur l’injonction
de ma mère (trop sévère)... c’est sur l’injonction de ma maman (trop naïf)... c’est
sur l’injonction de ma mam (trop intime)... c’est sur l’injonction de ma « mother »
(encore un mot anglais que j’aimerais que nous puissions intégrer à notre
langue), que j’ai développé ma singularité.
Si j’ai expérimenté l’indépendance pendant les années « d’expat », ces années ont aussi été celles d’un rapport au monde, aux autres, libéré du sens de classe et d’ordre social. Au Congo, au Cameroun ou en Italie dans les années 80’ et 90’, je me souviens d’un environnement un peu hors sol, aux normes très souples où chacun était un monde. J’ai vécu l’arrivée en France comme un choc de représentations, de conformités, de règles non explicites et de contraintes. Qu'il est désagréable d'avoir l'impression d'être laissée de côté… Et, quand lasse de chercher ma place, je réclamais à grands cris et bouderies … un jean à la mode… une autorisation… un gadget…, et que je jetais un « mais tout le monde en a !!! » … tu me répondais en me regardant droit dans les yeux, avec une pointe de défi et de fierté « … mais tu n’es pas tout le monde... »
« Tu n’es pas tout le monde… », une injonction attentionnée à la singularité, pour résoudre la brutalité des rapports aux mondes, faite par une femme à l’élégance souple et intrépide. Ravaler mes larmes, mon ennui et mes colères pour m’exercer à être au monde à ma façon, selon mon point de vue et avec mes couleurs et humeurs, pour percevoir dans ton regard de l'étonnement et de la reconnaissance, pour me rendre compte que le monde est bien plus riche quand il n'est pas tout le monde.
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