Qu'est ce que la peur? Est ce que j'ai peur? Quand est ce que j'ai peur?
Peur : sentiment d'angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d'un danger, réel ou supposé, d'une menace.
Personnellement j'ai peur de déraper, j'ai peur de la violence, la mienne et celle des autres, j'ai peur de décevoir et de ne pas être comprise. Avant d'avoir Paul, James et Aimée dans ma vie, j'ai traversé les zones d'inconfort en hurlant : gogogo, si je meurs ce n'est pas grave. Et finalement c'était plus mon égo qui était égratigné ... Depuis que Paul, James et Aimée sont ma vie, j'essaye de voir plus loin que la peur en l'embrassant et en construisant avec. Ma jolie Mother avait peur des orages, du vide, des serpents... Nous n'avons pas parlé de ces dernières peurs, mais toute mon enfance j'ai cohabité avec ses tremblements, ses paniques épidermiques. Des serpents. Pour certains le danger est un élément extérieur que l'on introduit dans la maison, comme un serpent. Pour ne plus avoir peur il suffirait de retirer le serpent, l'élément perturbateur, le changement.
Ma jolie Mother me demandait régulièrement d'être plus gentille, moins violente dans mes sentiments et ressentiments ... ce qui avait le don de vraiment, vraiment m'énerver. Et j'ai vu l'an dernier les peurs monter partout. Dans tes yeux, dans les yeux de la boulangère, dans les yeux de toi aussi dans le train... la peur ici un peu plus agitée, là stigmatisée, la peur tout le temps, la peur qui irrite et se transforme en colère. J'ai eu tellement peur de toute cette peur, que j'ai demandé à partir. Toute cette peur nous l'avons ressentie dans nos quartiers, nos dîners, nos corps. Peut être que tous en même temps nous avons voulu rejeter au loin un serpent. Alors nous avons montré du doigt, dénoncer, écrabouiller, hurler, ça ou ceci, celui-ci ou celui-là. Certains se sont défoulés sur les étrangers basanés, les autres sur les conservateurs bons teints bons œils.
Saisis par la violence de nos tremblements de peur qui se sont transformés en colère, peut être qu'en ce moment, nous nous décidons à embrasser nos peurs? intuitivement.. sans le savoir, ensemble nous allons à la rencontre de ce qui nous semble nouveau, difficile, complexe... Les immenses rassemblements spontanés après les attentats de Charlie Hebdo sont peut être entrain de se réaliser... J'ai l'impression que nous prenons plus le temps de faire le silence, de nous écouter. J'ai l'impression que la bêtise des postures extrêmes fini par nous agresser les yeux et l'esprit. Il me semble que nos gestes envers les plus faibles, les plus exclus, les plus étrangers sont moins violents. C'est ce que je perçois à Château Rouge, à Stalingrad, à la Chapelle. Il n'y a pas encore de solution viable, les familles sont laissées dans des conditions déplorables, mais l'atmosphère n'est plus au rejet.
Est ce qu'une atmosphère de compassion flotte sur Paris, sur la France? J'espère que pour dépasser une grande peur, finalement à la violence primaire, nous aurons le courage de la bonté. Que la France soit plus qu'un drapeau et un hymne, que ce soit un beau pays riche de paysages divers, de visages épanouis, de cultures vivantes.
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