vendredi 18 novembre 2016

l'empreinte, le souvenir, ce qui reste pour ceux qui restent // quels sont les fondements d'une légende?


Depuis que tu est partie le temps me semble interminable. Les heures, les jours, les nuits, les semaines, les saisons s'étirent en langueurs. Et pourtant beaucoup de ce qui me fait vibrer est là, ici devant moi : le sourire de mes enfants, la pétulance de Paul, la beauté des ciels de Paris, l'air franc des Pyrénées ... tant de choses et pourtant un vide profond.


J'ai l'impression que dans ce grand vide, cet appel d'air, plus rien n'est stable, plus rien n'est solide, plus rien n'est comme avant. Et dans ce grand bouleversement j'ai peur de ne pas retrouver les repères qui me mènent aux souvenirs de toi. Toi ma maman d'avant, à toi #MaJolieMother. A cran j'agrippe, je ramasse et ressasse toutes les traces tangibles de toi : les cartes postales, les photos, les petits mots … mais les empreintes les plus précieuses sont les émotions, les odeurs, les caresses, les musiques.


Est ce que je peux continuer à penser que l'on sort de chaque épreuve plus grand et plus fort ? Depuis que tu es partie le temps me semble interminable. Les heures, les jours, les nuits, les semaines, les saisons s'étirent en langueurs. Oui, je m'occupe de mes enfants du mieux que je peux. Oui, je tâche d'être attentive aux autres. Oui, je fais en sorte de recoller au score dans mon boulot. Mais il y a aussi moi qui se recroqueville, qui ramasse et ressasse nos dernières discutions, nos derniers échanges, mes dernières pensées et regards envers toi, ce dernier après midi dans l'Aveyron. Alors vite j'ai besoin de danser, d'embrasser, de boire, de rire, d'oublier. Mon humeur vacille follement de l'éros au thanatos. Je ne me reconnais plus, je suis bouleversée, et je ne peux même pas t'appeler … alors que tu étais mon oreille attentive pour mes diatribes énervées, révoltées, craintives, interrogatives, amoureuses, enthousiastes, combatives, émerveillées, vainqueurs !


Et encore le vide, et encore l'absence que je n'arrive pas à combler. Et l'injonction au lâcher prise est insupportable. Peut on lâcher prise, si on est pas ancré au monde, aux autres? J'ai tellement peur de t'oublier que je ramasse, ressasse et ressert ma tristesse. La tristesse est le seul fil que j'ai en main. Un fil de tristesse pour retenir des images et des moments trop chargés d'émotions. Les jours passent, et presque chaque jour est un jour anniversaire. Impossible de démêler ce passé composé, je n'arrive pas à tisser un futur. Alors je charge, je rempli, je romance, je poétise, je ne veux plus être triste. Less is bore, less is mort. J'embrasse toutes mes émotions, tous mes ressentis … en espérant qu'il en ressorte quelque chose.


Embrasser ma tristesse, mes émotions pour faire un travail de Mémoire : « Activité biologique et psychique qui permet d'emmagasiner, de conserver et de restituer des informations. Cette fonction, considérée comme un lieu abstrait où viennent s'inscrire les notions, les faits. Image mentale conservée de faits passés. Ensemble des faits passés qui reste dans le souvenir des hommes, d'un groupe. »
Tisser les fils de la mémoire pour créer des Souvenirs : « Survivance, dans la mémoire, d'une sensation, d'une impression, d'une idée, d'un événement passés. »
Sentir le passé rouler et polir les souvenirs, et se laisser envahir par la Nostalgie : « Tristesse et état de langueur causés par l'éloignement du pays natal. Regret attendri ou désir vague accompagné de mélancolie. »
Sublimer et cultiver la Saudade : « Sentiment de délicieuse nostalgie, désir d'ailleurs qui s'exprime dans le fado et la morna. »
Et enfin retrouver la Douceur : « Qualité de ce qui est doux. Caractère, comportement doux, affectueux de quelqu'un. »


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