Depuis que tu est
partie le temps me semble interminable. Les heures, les jours, les
nuits, les semaines, les saisons s'étirent en langueurs. Et pourtant
beaucoup de ce qui me fait vibrer est là, ici devant moi : le
sourire de mes enfants, la pétulance de Paul, la beauté des ciels
de Paris, l'air franc des Pyrénées ... tant de choses et pourtant
un vide profond.
J'ai l'impression que dans ce grand vide, cet appel d'air, plus
rien n'est stable, plus rien n'est solide, plus rien n'est comme
avant. Et dans ce grand bouleversement j'ai peur de ne pas retrouver
les repères qui me mènent aux souvenirs de toi. Toi ma maman
d'avant, à toi #MaJolieMother. A cran j'agrippe, je ramasse et
ressasse toutes les traces tangibles de toi : les cartes
postales, les photos, les petits mots … mais les empreintes les
plus précieuses sont les émotions, les odeurs, les caresses, les
musiques.
Est ce que je peux
continuer à penser que l'on sort de chaque épreuve plus grand et
plus fort ? Depuis que tu es partie le temps me semble
interminable. Les heures, les jours, les nuits, les semaines, les
saisons s'étirent en langueurs. Oui, je m'occupe de mes enfants du
mieux que je peux. Oui, je tâche d'être attentive aux autres. Oui, je
fais en sorte de recoller au score dans mon boulot. Mais il y a aussi
moi qui se recroqueville, qui ramasse et ressasse nos dernières
discutions, nos derniers échanges, mes dernières pensées et
regards envers toi, ce dernier après midi dans l'Aveyron. Alors vite
j'ai besoin de danser, d'embrasser, de boire, de rire, d'oublier. Mon
humeur vacille follement de l'éros au thanatos. Je ne me reconnais
plus, je suis bouleversée, et je ne peux même pas t'appeler …
alors que tu étais mon oreille attentive pour mes diatribes
énervées, révoltées, craintives, interrogatives, amoureuses,
enthousiastes, combatives, émerveillées, vainqueurs !
Et encore le vide,
et encore l'absence que je n'arrive pas à combler. Et l'injonction au lâcher prise est insupportable. Peut on lâcher prise, si on est pas ancré au monde, aux autres? J'ai
tellement peur de t'oublier que je ramasse, ressasse et ressert ma
tristesse. La tristesse est le seul fil que j'ai en main. Un fil de tristesse pour retenir des images et des moments trop
chargés d'émotions. Les jours passent, et presque chaque jour est
un jour anniversaire. Impossible de démêler ce passé composé, je
n'arrive pas à tisser un futur. Alors je charge, je rempli, je
romance, je poétise, je ne veux plus être triste. Less is bore,
less is mort. J'embrasse toutes mes émotions, tous mes ressentis …
en espérant qu'il en ressorte quelque chose.
Embrasser ma tristesse, mes émotions pour faire un travail de
Mémoire : « Activité biologique et psychique qui permet
d'emmagasiner, de conserver et de restituer des informations. Cette
fonction, considérée comme un lieu abstrait où viennent s'inscrire
les notions, les faits. Image mentale conservée de faits passés.
Ensemble des faits passés qui reste dans le souvenir des hommes,
d'un groupe. »
Tisser les fils de
la mémoire pour créer des Souvenirs : « Survivance, dans la
mémoire, d'une sensation, d'une impression, d'une idée, d'un
événement passés. »
Sentir le passé
rouler et polir les souvenirs, et se laisser envahir par la
Nostalgie : « Tristesse et état de langueur
causés par l'éloignement du pays natal. Regret attendri ou désir
vague accompagné de mélancolie. »
Sublimer et cultiver la Saudade : « Sentiment de délicieuse
nostalgie, désir d'ailleurs qui s'exprime dans le fado et la
morna. »
Et enfin retrouver
la Douceur : « Qualité de ce qui est doux.
Caractère, comportement doux, affectueux de quelqu'un. »
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