mercredi 16 novembre 2016

#RandomnéesDuJeudi Paris sous la pluie, automne poisseux à la recherche des clairs obscurs de #rembrandt #jacquemartandre // de la Société du Spectacle au Selfie

dessein branding : alors que la valeur Nature est sur-exploitée, dévoyée, comment l'incarner en une vérité transcendante, intemporelle, mystique ?
impulsion personnelle : pourquoi la Culture Européenne m'interpelle toujours autant, pourquoi les Cannons du beau sont ils toujours aussi émouvants ?



L'automne est poisseux, les virus vicieux et teigneux. J'ai besoin de me réchauffer le cœur, j'ai besoin d'intense chaleur. J'associe souvent l'automne, la pluie dans les feuilles tombées dans la cour, les jours trop courts, le réconfort des matières lourdes : la laine, les velours, les cuivres... à la Colombière, à Fondette, à Tante Annick et Jean Paul. Murs tapissés d'affiches d'expositions : Petit Palais, Orangerie, Peinture Flamande, Natures Mortes, Caravage, Rembrandt... Raccourcis émotionnels, ce temps humide et gris, l'exposition Rembrandt me semble être le lieu indiqué pour une Randomnée du Jeudi.




Musée Jacquemart André, dans un quartier que je n'arrive pas à aimer, ce lieu improbable organisé pour le Spectacle Social de l’Élite : une mise en scène de la vie privée grandiose, clinquante, extravagante. Trop extravagant pour être vraiment beau. Comme si l'hôtel Jacquemart André, conçu et construit au début du Xxeme siècle, n'était qu'une expérience proposée aux visiteurs, au lieu d'être le fruit d'une quête pour atteindre la beauté. A chacune de mes venues au Musée Jacquemart André, je suis surprise de retrouver un peu du goût de poudre et de l'odeur de perle de chez mes grands parents paternel : l'autorité tape à l’œil des petits meubles dorés dans un appartement rationnel boulevard de la Reine à Versailles. Écrire le goût et l'odeur de l'hypocrisie serait méchant, mais je suis malaise dans ces compromis, comme s'ils cachaient la vérité des personnes qui habitent ces lieux.


Aujourd'hui, le Musée Jacquemart André est occupé par les vaillants représentants du 3ème et 4ème âge. « Non je ne peux pas vous laisser passer dans la file, sinon je ne passerais jamais... ». C'est étrange que ce type de culture soit à ce point délaissé par les plus jeunes. C'est étrange que ce type d'expositions soit à ce point couru par les plus âgés. Et pourtant, il y a tant de convention dans la Pop Culture... Et pourtant, les grands artistes dits classiques ont avant d'atteindre la postérité créé une rupture, une révolution pour imposer leur vision personnelle de la beauté, de l'art... Finalement les goûts et les générations sont relatifs, ce n'est qu'une question de point de vue. Et la quête du beau et de l'art se construit en réponses aux générations passées, des cycles qui permettent dans le berceau de l'Europe, de revisiter à l'infini l'antiquité et la chrétienté. Une diagonale créative de la botte de l'Italie au Plat Pays, du bassin mystique de la Méditerranée aux plaines ouvrières des grands fleuves du Nord. Les paysages, reflets du façonnage de la nature par une culture européenne invasive. Les nativités, aveux du mystère de l'amour et de la chaire par une culture européenne rationnelle.



Rembrandt intime. Une intimité que l'on regarde dans le journal de ses autoportraits : les flous, les fragilités du corps, la vitesse du geste, un combat entre la précision du geste et l'élasticité de la matière, la peinture entrain de se faire. « Selfies » d'un artiste au regard interrogatif quand il se peint : se demande-t-il qui il est ? Une part d'ombre représentée dans les clair-obscurs. Ce qui reste dans l'ombre est le mystère que nous remplissons avec notre imagination personnelle. La lumière naît de l'ombre, faite de bruns, rouges et roux. Une lumière supra naturelle, fruit d'une pensée qui dépasse l'observation de la nature et le respect des conventions. Une lumière sculptée à force de dessins, esquisses et gravures. « Le trait est synthétique, les lignes « brutales » traduisent la vérité dépourvue de superflus. L'essentiel seul demeure. L'art de Rembrandt atteint un équilibre rare alliant maîtrise technique et liberté mystique. L'essentiel : le rapport entre un sujet, les couleurs et la lumière qu'elles suggèrent. Une présence extraordinaire qui s'exprime dans les portraits par une impression de vie d'autant plus saisissante que les sujets semblent saisis à l'arrêt, dans une fraction d'éternité. »




à creuser : l'équilibre entre les couleurs et la lumière qu'elles suggèrent

à développer : la fraction d'éternité dans les portraits

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