lundi 19 décembre 2016

#kissesfor2016, tu mets quoi dans ta soupe? // comment générer un tiers lieu?

Soupe Pomme de terre, Carotte, Poireau, Céleri. Pendant longtemps j'ai cru que La Soupe ne pouvait avoir qu'un seul goût : un peu âcre et très salé, et qu'une seule texture : très mixée et aqueuse. Et toutes les semaines, La Soupe. Et chaque dîner, La Soupe. Et nos amis et familiers de passage de s'extasier du plaisir de manger une soupe maison... La Soupe. Et puis je suis partie de la maison, et j'ai moins mangé La Soupe... Et puis j'ai eu un enfant, et j'ai préparé des purées et des soupes de légumes de saison, aux couleurs, textures et goûts variés... dont James se régale... Aimée commence son apprentissage : courge, betterave, carotte, poireau... les enfants de l'été exercent leurs goûts avec les légumes d'hiver.
 
La Soupe, notre "Hygge" familial. Le "hygge" c'est le confort, la chaleur d'un foyer au Danemark. On ne sait pas vraiment si on l'aime La Soupe, mais elle fait du bien. Eté comme hiver, toujours là, toujours la même. La Soupe, comme notre famille, tous différents pour fabriquer un référent, pas parfait, mais assez stable dans le temps. Dans La Soupe familiale, chaque ingrédients a sa place, son importance, son petit goût particulier. Et maintenant que tu es partie il faudrait inventer une nouvelle recette. Pour le moment, on fait comme si de rien n'était, mais inévitablement sans l'un des ingrédients, le goût s'est un peu altéré. Avec les légumes du Val de Loire, je concocte des soupes plus épaisses, ce sont plutôt des purées, moins assaisonnées, plus variées et peut être parfois un peu détonantes... Dans un esprit pratico-pratique, elles doivent convenir aussi bien à Aimée, James et nos dîners du Lundi... et sont produites en quantité puis congelées. J'épluche les légumes, les assemble, les fais cuire, les mixe... et je me demande quel légume je suis dans La Soupe familiale... j'ai peur d'être évincée, ou encore pire diluée... et je me rends compte que les purées que je cuisine pour nous sont bien bien solides et compactes.
Nous sortons, pour prendre l'air, pour prendre l'air du temps. Et nos pas nous poussent de temps en temps dans l'un de ces lieux urbains, d'échanges, de loisirs, de "bouffe", de culture, de marchandages... Tiers Lieux : « Le Tiers-Lieu est une démarche collective. Bien que généralement institué par un groupe d’individus restreint et identifiable, le Tiers-Lieu ne peut se déployer s’il n’est pas porté par un collectif élargi qui participe, met de l’énergie et le fait vivre au quotidien. ». La réussite de ces lieux tient autant des organisateurs, animateurs que visiteurs. Tous acteurs, tous spectateurs d'une certaine poésie entrain de se faire. Il faut une certaine dose de subtilité, de finesse, de richesse pour que la soupe prenne. Il faut aussi un peu de temps pour la laisser cuire. Et encore plus de temps pour qu'elle devienne un référent, une nouvelle culture. En ville, et assoiffés de culture, d'être ensemble, les uns avec et contre les autres, nous nous réjouissons de ces lieux, où la consommation n'est plus le ticket d'entrée, où on ne sait pas exactement ce que l'on va trouver, où il va certainement falloir que l'on donne de nous même avant de goûter au plaisir d'en être... 
La Soupe comme les Tiers Lieux sont confusions, désordres, pas pratiques, longs, fastidieux, monotones. La Soupe comme les Tiers Lieux mixent les hiérarchies, donneurs d'ordre pour proposer autre chose : différent, mieux, indéfinissable. La Soupe comme les Tiers Lieux, ne s'imposent pas par l'autorité, l'organisation et la rationalité, ils se font, ensemble avec ceux qui veulent bien donner.

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