Quand
j'ai commencé à travailler ... il y a un siècle ... moi qui suis
une vieille dinosaure née en 1979 ! Moi qui ait connu le
téléphone avec et sans fils, le téléphone satellite, le téléphone
longue distance. Moi qui ait connu l'URSS, la chute du mur de Berlin,
le capitalisme c'est la fin de l'histoire, vive le capitalisme, tout
se vend tout s'achète. Moi qui ait connu l'internet modem,
l'internet j'ai plus besoin de sortir de chez moi, l'internet dans ma
poche comment sortir de la toile, le UX, la data, l'Intelligence
Artificielle : putain ! tu vas me laisser faire des choses
complètement inutiles et inefficaces, parce que moi je trouve que
c'est plus poétique de faire comme ça ! Et arrête de
surligner mes fautes d'orthographe, d'abord parce que les fautes
vraiment graves, tu ne les voies pas, et surtout parce que tu
appauvris mes non sens, mes lapsus, mes concepts !!!!
Quand
j'ai commencé à travailler … en 2004, la cible, qu'il fallait
tenir en mire, toucher et capturer, était un consommateur bien
docile, et donc une femme, attachée à son caddie. Une femme d'âge
moyen, de beauté moyenne, aux moyens moyens : Madame Michue.
Pauvre Madame Michue, on s'est tellement moqué de toi, on a
tellement souri d'un air entendu à ceux qui tentait, probablement
trop mollement, d’insuffler de la tendresse à défaut d'empathie
envers toi. Comme nos relations sont régies par le principe de
réciprocité, un principe de réalité, implacable, un vrai
boomerang, qui revient en plein gueule, Madame Michue a renvoyé aux
marques et aux entreprises ce manque de respect. Et depuis les
marques tentent de rétablir un lien. Les agences de pub ont beaucoup
travaillé, ce fut une belle période de blablabla... Puis ce sont
les designers qui ont travaillé pour rendre les produits et les
services plus ergonomiques. Ce fut une belle période de flat
design... Et maintenant, ce sont les cabinets de conseils en
transformation collective qui sont à l’œuvre. C'est une belle
période de remise en question en interne du rôle, de la posture, de
la nature des collaborations : hiérarchies, générations
Alphabet, burn, bore, born out, anarchie… blablabla ... !
Le
respect ne se décrète pas. Comment revenir à une situation de
respect ? Petit à petit faire bouger les curseurs, pour que
chacune des parties se sente et soit véritablement libre dans ses
pensées, dans ses actes… et se considère et soit l'égale de
l'autre... Liberté. Égalité. Fraternité.
Petite
ritournelle : Liberté. Égalité. Fraternité. Petite
ritournelle que l'on a répété enfant dans une classe. Petite
ritournelle qui se répète ici et là dans les villes et les
villages. Liberté. Égalité. Fraternité. Elle est gonflée notre
devise. Alors que les airs sanglants de la Marseillaise retentissent
à tout bout de chant, scander comme un mantra Liberté. Égalité.
Fraternité. fait du bien... La pulsion naturelle pour la Liberté et
l'idéal humaniste d'Égalité, sont confrontés au principe de
réalité la Fraternité. La Fraternité, c'est appartenir à un tout
sans l'avoir choisi. La Fraternité, c'est être parmi les autres, et
être conscient que l'on ne peut pas s'échapper, et préférer le
respect comme stratégie de bonne et longue vie... Ce frère, cet
autre humain, ce Caïn et cet Abel... La Fraternité, c'est
l'acceptation et l'affirmation d'une condition d'humain. Humain,
pragmatiquement humain, avec son temps, ses imperfections, ses
rêves... La Fraternité, c'est peut être ce qui manque à ces
entreprises, à ces politiques, à ceux qui hurlent la Marseillaise,
à ceux qui ont perdu tout contact avec la réalité humaine.
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