jeudi 27 avril 2017

le rituel pour mettre l'Existence à bonne distance de l'Institution

Trop prés, ou trop loin. A moitié fait, ou à ne pas faire. Audace, ou peur d'échouer. Combattre, ou se réfugier dans autre chose. Quand est ce que j'ai commencé à être seule? dans la cour d'école élémentaire à Pointe Noire. Je me suis rendue compte que je n'avais pas de copains lors d'une récréation en CP. Pourquoi? Trop indépendante? pas assez charismatique?... Depuis avant même mes 7 ans, j'ai préféré ne pas appartenir à un groupe. Pour mieux créer, observer, critiquer, aimer les autres? Avoir cette posture de maverick... C'est dur au moment des anniversaires. C'est compliqué quand l'Institution me fait remarquer ma solitude. C'est compliqué quand les rituels sont un spectacle aux autres... Et c'est merveilleux parce qu'il y a ces cafés, ces apéros, ces randomnées en tête à tête, à coeurs ouverts et battants, ces rituels à nous, pour nous ou nous mettons en scène nos propres rituels.
L'institution est ce que ce sont les autres? ou un questionnement sur ce que l'on attend de moi? James est né. Nous avons été des parents comme tous les autres : étonnés, résistants, émerveillés, peureux. Nous n'avons pas joué au papa et à la maman. Être parent de James c'est une feuillure où je t'ai vu te décomposer puis te transposer. Je t'aime encore plus d'être ce papa qui ne peut être que toi, loin d'un rôle de père. En dehors de l'institution du père, je t'aime, et années après années nous nous fions ensemble. Seule, j'ai demandé le baptême de James. Quelle ironie! Demander d'accéder à un rituel, sans correspondre aux standards de l'institution... Tu n'as pas fait semblant, nous n'avons pas fait semblant. Et je me sens tellement forte de ton respect pour mon engagement religieux, pour ma foi. Me marier avec Paul pour entrer dans l'institution, répondre aux codes qui régissent encore la famille, mais refuser le rituel social. Ne pas se mettre la pression familiale... et pourtant sentir que maman depuis déjà plusieurs semaines, n'est pas vraiment là. Ça n'a pas été si sympathique de chercher une tenue dans Paris... nous n'avons pas parlé des préparatifs... Je me sens encore seule lors de ce rituel pas si anodin, tu es déjà loin. Nous nous marions avec Paul pour nous dé-fusionner, et pourtant ce jour là, je le fais entrer la maladie, la famille dans notre quotidien. De ce jour là, m'appuyer Minette ma belle mère.
 
Aimée est née, et tu es morte. Aimée la lune, James le soleil. Les enfants, Paul, maman, un monde et un tout. L'enterrement de maman n'est pas encore achevé. Quelle place pour toi maman dans notre monde #JaPaChAi aujourd'hui? Des montagnes à la grève, je n'ai pas envie de terminer ce voyage. Je n'ai pas envie de rendre ton souvenir. Je n'ai pas envie de te partager. Je n'ai pas envie de voir ce qui reste de ta vie se diluer dans d'autres morts, tristesses, histoires. Et puis le temps passe et il faut en finir d'avec ce rituel de deuil. C'est ici et comme cela que ton souvenir sera institutionnalisé. Et là encore, avec ton souvenir, il faudra trouver la bonne distance avec l’institution, la famille. Ne pas me laisser submergée par la rigide absurdité de cette institution. Je suis libre d'inventer mes rituels qui me permettront de te raconter, de me raconter.

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