« Tu vois ce que je veux dire ? »...
et je parlais et je parlais et je parlais. Toutes mes idées
chaotiques, toutes mes pensées, tous mes télescopages, carambolages
que je ne peux pas retenir. Mes peurs, mes rejets, mes exaltations
et donc mes colères, mes envies et donc mes colères... Comme j'ai du te barber, t'escagasser, t'ennuyer, te
saouler. Avec toi, le robinet était ouvert. Je ne sais pas pourquoi
j'ai toujours ressenti un besoin urgent de partager avec toi tout ce
qui me traversait l'esprit. Comme tu devais soupirer à l'intérieur,
me sourire, essayer de me tempérer, puis finir par dire que l'on y
pouvait rien... ce qui avait le don de me remettre en pensée,
m'énerver, m'étrangler... Parfois tu devais ne plus vraiment
écouter. Peut être que tu
pensais qu'il serait bien que je prenne plus le temps de
t'écouter... pour de vrai. Me dire combien tu avais mal, combien tu étais angoissée. Et je parlais, et je parlais... parce que j'avais peur
de ne pas exister ? parce que je n'arrive pas à gérer toutes
les idées qui se percutent dans ma tête ? parce que je voulais
capter ton attention ? Tu vois ce que je veux dire ? Et je
parle à tord et à travers ...
Et c'est le chaos. Tout est en vrac, tout est
bousculé, effondré, je n'ai plus de points de repère. Angoisses...
Peurs... La peur du monde. La peur de moi au monde : est ce
que je suis normale ? C'est toujours rassurant d'entendre
d'autres voix reprendre les mots qui se bousculent dans mon cerveau.
Et si j'étais finalement normale et banale ? Regrets...
Envies... Colères...
Les maux s'échappent, s’emmêlent, se font des
croches, des punch, s’aplatissent, s'étirent, se retournent,
s'effacent, surgissent... je ne sais plus par où les prendre.
Parfois tu as la patience de m'aider à filer mes bobines. Parfois
les nœuds sont tels, qu'il faut les expulser. Vomir dans le vent des
paquets d'émotions non gérées: hurler à l'intérieur, crier à
l'extérieur. Expulser cette matière informe d'idées, de mots mal
formés, d'images trop fortes, de sons dissonants. Hurler pour faire
quelque chose de mes colères, envies, regrets.
Assise en tailleur, je sers le corps hurlant de mon
garçon. De grosses larmes coulent sur ses joues. Ses yeux envoient
des éclairs. Son corps tremble de ne plus pouvoir contenir tout son
chaos. J'aimerais t'aider mon James. Quel est ton code ? Quel
noms, quels mots, signes, idéogrammes mettre sur tes folies ?
Comment les nommer pour les canaliser ? Quelles chorégraphies
pour que ton corps laisse échapper ce qui agite ton esprit ?
Et moi ? À part déblatérer, est ce que je
fais quelque choses de mes chaos ? Comment entretenir une
relation passionnée et constructive avec mon chaos, mes idées en construction, mots
mal orthographiés, images en technicolors. I'm unstoppable, We are
unstoppable. A nous la liberté de commencer quelque chose (Hannah
Arendt )...
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