mercredi 5 juillet 2017

#MaJolieMother, l'instinct maternel // qu'est ce qu'un changement de #Perspective?

Adolescente, j'ai été fascinée par la description d'Hervé Bazin de sa Folcoche. Il décrit si bien sa mère incapable d'un geste de tendresse envers ses fils. Une description aussi féroce que passionnée. Dans les longueurs des matinées à la maison, j'adorais t'entendre discuter au téléphone avec ta maman. Ce coup de fil quotidien, fait de petits riens qui dans votre intimité prenaient l'épaisseur de l'attention, de l'amour. Quand je croise une grand mère et ses petits enfants, je ne peux empêcher mon estomac de se vriller : même si nous ne vivions pas sous le même toit, ton absence se fait chaque jour bien présente.
L'instinct maternel, l'instinct paternel, une injonction à être des parents à la fois protecteur et éducateur et cool, parfait. Un concept qui fait penser que pour être parent, il faut naître parent, que tout serait inscrit dans nos gênes. Tu l'as ou tu l'as pas... c'est le fatum ! Quand James est arrivé, il a fallu nous rendre à l'évidence que nos instincts étaient limités et parfois même dangereux. Encore aujourd'hui j'ai parfois qu'une pulsion : fuir... les planter là... et reprendre ma vie de liberté là où je l'avais laissée. Et puis le temps a passé, et à force de raisons, d'expérimentations, d'échanges, de renoncements, de moments parfaits, j'ai aimé être maman. Avec l'arrivée d'Aimée, je continue de devenir maman. Quand James prépare sa rentrée en CP, je ressens l'urgence de devenir encore une autre maman. Être maman me semble être un processus plus qu'un instinct.
L'instinct maternel, qu'elle force dans ce concept qui plonge les mères en réflexion quand elles regardent leurs enfants. Je rencontre le regard pénétrant de James, Aimée agite jambes et bras avec virulence quand je me penche au dessus de son lit, j'ai encore si mal en faisant appel à ma maman. Et si l'instinct maternel était le lien absolument viscéral, anti-culturel, animal qui lie l'enfant à sa mère, quoiqu'il arrive, quoiqu'il ait été. Et si c'était cet appel viscéral de l'enfant qui m'intime de prendre soin de mes enfants matériellement et émotionnellement. Et si c'était instinct d'attachement à la mère qui m'obligeait à m'adapter à eux, pour qu'ils sentent combien j'ai d'estime pour eux, pour qu'ils grandissent sans peur et en confiance, même si je ne peux pas leur promettre un futur radieux. Et si c'était cette relation si profonde et si complexe qui me sort la tête de mon océan de tristesse. Accrochés à mes bras, mes jambes, mon ventre, mes enfants se nouent à mon être et tissent un lien féroce, qui se renforce à chaque fois que je lâche prise et que je m'en remets à leur instinct d'amour.
Ton absence n'a pas éteint mon instinct d'attachement à toi ma maman. Je te cherche tous les jours dans les souvenirs des jours heureux, dans les regards que tu as posé sur les enfants, dans l'ombre d'une photographie, dans un mot laissé sur une carte. Comme je ne peux plus me serrer contre toi, j'apaise mon manque d'enfance dans l'image d'une grand mère confidente, plus lente, plus distante mais assez aimante. Je vais appeler Bonne Maman.

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