mardi 11 décembre 2018

le #futur sera t il #moderne?

En 2010 ... il y a un siècle, quand je m’efforçais de remplir les linéaires Ultra Frais des hypermarchés d'innovations toutes aussi trafiquées les unes que les autres, les plateformes de marque étaient truffées des mots "modernité". Mais elles n'étaient pas modernes ... elles essayait de dire : "il faut que la marque s'inscrive dans la culture digitale naissante, sans pour autant en être, que notre design puisse vivre à côté d'un ipod ou un imac, sans pour autant proposer une nouveau comportement" ... mais elle ne le disait pas ... alors on passait beaucoup de temps à remplir le mot valise "moderne" de quelques vacuités marketing ...
Moderne : qui appartient au temps présent ou à une époque relativement récente, qui bénéficie des progrès les plus récents, qui est fait selon les techniques, les règles et le goût contemporains, qui s'adapte pleinement aux innovations de son époque.

Moderne par opposition à la convention classique, à la tradition, au passé ? L'homme moderne serait un rebelle ou révolté ? _ Rebelle, sensibilité exacerbée, moyen d'expression de soi, une réaction de l'intime _ Révolté, indigestion d'injustice perçue, quand une vision transcende la condition des femmes et des hommes. Modernistes et anti-modernistes sont fascinés par le progrès et la révolution. La folie mécanisée des ingénieurs et l'insatiabilité de l'augmentation des capitaux, le développement industriel et la spéculation financière : est ce que la modernité commence avec Napoléon III ? Zola, Flaubert, Victor Hugo sont ils plus ou moins modernes que Châteaubriant, Stendhal et Balzac ?
"Il faut être absolument moderne" ... si par "moderne" il fallait entendre ce qu'on désigne habituellement par ce mot : le progrès, le nouveau. OUI ! mais "absolument"  ... il ne s'agit pas d'être en admiration béate devant le monde moderne tel qu'il est, mais une hyper sensibilité critique à tout ce qui pourrait survenir de radicalement neuf : tout ce qui modifie en profondeur notre système de perception de la réalité, de connaissance technique et d'idéologie. L'homme moderne est le  peintre et l'activateur de la vie moderne. Depuis Baudelaire et Rimbaud, les poètes perçoivent, transforment et subliment l'association de l’éternelle beauté classique et du transitoire fugace. L'éphémère capté... "Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
... Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !" Ce beau qui ne peut être que classique, ce beau toujours un peu étrange, circonstanciel et relatif : fugitif ! Ce beau qui n'aime pas la masse mais qui aime les visages ... les petites vieilles qui sortent du lot ... Ce beau moderne de l'individualité, notre modernité peuple. Jacquemus, Orelsan,  Edouard Louis, Sophie Calle, Michèle Métail, Camille ... une sensibilité hors cadre.
Hors cadres traditionnels, hors schémas de valeurs, hors structures idiomatiques... Une sensibilité qui donne une liberté de critique et d'imagination : la fulgurance. La nature moderne, serait la nature flamboyante dont nous sommes qu'un assemblage de cellules. L'alimentation moderne, serait la nourriture issue d'une culture terrienne. La production moderne, serait le progrès interprété par le design pour qu'il soit beau et utile à ses usagers. L'école moderne, serait l'école qui cultive chez l'enfant son talent, sa nature propre. La ville moderne, serait la ville est une "nous social", qui assume sa nature collective.
Le futur est moderne tant qu'il propose une poétisation et une affirmation de l'avenir. Ce futur moderne dont l'image est piège, mais dont la beauté est la trace. Sans la beauté, "nous n'avons jamais été moderne"... Bruno Latour

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